Coeur Adoption a remis le 28 Novembre 2007 ce rapport à Monsieur Jean-Marie Colombani, que le gouvernement français a missionné pour étudier l’état de l’adoption en France.
Lire la synthèse des propositions de Coeur Adoption (PDF, 25 pages)
Synthèse
Le rapport de l’association Coeur Adoption, rédigé sur la base des constats et des réflexions de parents adoptants d’aujourd’hui, se veut un plaidoyer pour le respect des enfants, la réduction des inégalités entre les parents et la reconnaissance de la diversité des parcours familiaux.
L’instrument d’une nouvelle politique de l’adoption est une conception plus efficace des institutions publiques, qui doivent se rapprocher des préoccupations réelles vécues par les familles et mieux comprendre le cadre international dans lequel elles évoluent.
La première partie du rapport analyse quelques idées reçues sur la situation de l’adoption, et en particulier celle selon laquelle, pour faire face à une baisse inéluctable du nombre d’adoptions, il deviendrait indispensable de limiter les agréments. Pour Coeur adoption, des propositions d’enrichissement de la politique familiale des pays de naissance et de rationalisation de la politique de l’enfance en France, conjuguées à un meilleur accompagnement des familles en cours d’agrément, sont plus à même de traiter cet « effet ciseau » que la mise en place de critères arbitraires pour « autoriser » l’adoption, qui nieraient la diversité des parents potentiels et par conséquent des possibilités de réponses aux besoins des enfants.
La seconde partie du rapport dresse un constat sans complaisance des structures françaises de l’adoption : des institutions multiples, éclatées, mal coordonnées, qui se traduisent par une efficacité fortement limitée et par des inégalités d’accès préjudiciables à la réalisation sereine des projets d’adoption. Les propositions de Coeur adoption visent à assurer un partenariat public-privé pour l’accompagnement des familles, à améliorer la gestion des procédures individuelles et à professionnaliser les relations avec les pays de naissance, dans un cadre coopératif.
La troisième partie du rapport se penche sur les suites de l’adoption : d’une part, le suivi post-adoption est encore trop administratif et doit s’orienter vers un réel accompagnement des familles. Au plan matériel, le « parcours du combattant » continue, et se traduit au quotidien par des frottements injustifiés concernant en particulier les congés, les aides sociales et les prestations familiales, notamment pour les adoptions simples. Il est proposé d’y mettre fin et d’assurer une réelle égalité de droits entre enfants adoptifs et biologiques.
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Mettre du coeur dans la politique française de l’adoption n’est pas la revendication de parents « frustrés » dans la réalisation de leur projet (selon l’expression parfois entendue) : c’est une nécessité pour permettre à des enfants bel et bien abandonnés de trouver leur famille en France dans les meilleures conditions possibles et de s’y épanouir. Multiplier les obstacles purement administratifs ne diminue ni l’abandon de ces enfants, ni la détermination de leurs parents : le prix à payer est trop élevé pour que des solutions pragmatiques ne soient pas recherchées, en coopération entre institutions publiques et personnes privées. Les solutions malthusiennes telles que la diminution arbitraire des agréments ou les discours fatalistes sur la baisse des adoptions internationales ne peuvent que limiter la diversité des projets et l’accès des enfants à une famille.